Avis du spécialiste
1. Comment expliquez-vous le fait que l’on ait mis beaucoup de temps à faire un rapprochement entre, d’une part, migraine et céphalée et d’autre part, myothérapie ?
R/ : D’abord, le lien entre traumatismes (nuque, coccyx, chevilles) et les contractures musculaires n’est pas encore reconnu par la médecine « classique », dominée par une formation essentiellement chimique ! Outre qu’un délai entre ces événements et les symptômes peut être de plusieurs mois, années, voire décennies, il y a la résistance des compagnies d’assurance qui les mettraient dans une très fâcheuse position (remboursement des frais médicaux, etc…)! De plus, jamais dans l’anamnèse, les médecins et les neurologues, pour des migraines/céphalées anciennes, ne posent l’existence de ces traumatismes. Or c’est la base de toute la compréhension physiopathologique, allant de la contracture aux troubles vasculaires (veineux ! ) situés dans les méninges. Seuls, historiquement, les ostéopathes s’y intéressaient. Mais les ostéopathes ne sont pas pris au sérieux par les médecins ! Les médecins considèrent, à tort, selon moi, que les problèmes musculaires sont à remettre aux Kinés (qui obéissent aux prescriptions des médecins assez strictement) sans se poser d’autres questions sur l’origine des troubles musculaires.
Pourtant, la fréquentation des malades assidus, nous révèle que, par ailleurs, les migraineux/céphalagiques ont des troubles de la nuque, des épaules, des régions dorsales, etc… Et souvent suite à des traumatismes retrouvés rapidement par les patients eux-mêmes !
2. Pourquoi êtes-vous le seul médecin généraliste de Belgique à avoir suivi une spécialisation en myothérapie ?
R/ : Par hasard pour moi, d’avoir été motivé (mon épouse avait à trouver une solution à ses problèmes non résolus de façon « classique ») et disponible mentalement. Et enfin parce que la curiosité fait partie de mes gènes, la recherche de la martingale, un plaisir et le doute systématique, une méthode de travail utile en ces temps de matraquage commercial intense des lobbies pharmaceutiques, qui touchent aussi les sphères universitaires, sans qu’elles se rendent compte (j’imagine péniblement la possibilité, sans l’exclure, de leur mauvaise foi). Les autres médecins répondront pour eux-mêmes, mais le burn-out administratif qui les accable, leurs susceptibilités, leurs soucis de suivre l’EBM (évidence based médecine dit-on, aujourd’hui), pourraient expliquer l’immobilisme.
De plus, l’information en Belgique est restée volontairement discrète (douze ans !), ce qui a permis de travailler en toute sérénité, des séries de malades, sans être gênés par les confrères ombrageux, les rumeurs et les plagias qui auraient porté atteinte à la réputation d’une approche fragilisée par l’isolement. Seuls d’autres ostéopathes et kinés ont approché alors la technique (+/- 12 personnes). Enfin, les médecins ont appris à se méfier des techniques dites parallèles, alternatives, souvent, il faut l’admettre, aux bases scientifiques douteuses. La peur de la concurrence ou la peur de l’approche originale font le reste. Enfin, la formation est un investissement financier, physique et surtout de temps qui en décourageront d’autant plus que le travail lui-même avec le malade est beaucoup plus lourd en temps, donc pas rentable !
3. Différents médias ont parlé ces derniers temps de nouvelles explications à la migraine et donc de nouvelles méthodes pour la soigner. Il y a eu notamment le rapport à la mâchoire et à la dentition et le rapport à une malformation cardiaque à laquelle on pourrait remédier suite à une opération. Quel est votre point de vue sur l’évocation de ces origines « nouvelles » de la migraine et sur la façon de les soigner ?
R/ : L’ATM (articulation temporo-mandibulaire) peut rarement (à mon avis, et dans mon expérience de +/- 1000 patients) être en cause. Mais il est bon de s’en assurer par examen clinique et anamnèse ! Cela peut être déterminant dans la réussite pour certains, ne le négligeons pas !
La communication inter auriculaire cardiaque est une possibilité rare. Aussi, il faut y penser s’il y a résistance au traitement myothérapique mais aussi si l’on sait des lésions ischémiques au scanner cérébral, que tous les patients ont par ailleurs fait avec les neurologues ! Pour ma part un seul cas a reçu son traitement cardiaque avec un «parachute» implanté pour fermer le foramen (trou !). Ce fut un échec au niveau migraine, mais cela ne veut rien dire sur l’opportunité de vérifier l’anomalie congénitale. Une fois de plus le médecin doit rester maître de la réflexion qui entoure la problématique de la migraine et des céphalées. Nous ne sommes pas au service d’une idée, d’une technique! Il faut rester, autant que possible, centré sur le malade et SA configuration maladive.
4. Selon vous, pourquoi la myothérapie est-elle si peu connue ?
R/ : Parce qu’il faut que les médecins (sous la pression des malades ?) s’y investissent : formation bien sûr, mais aussi abandonnent (humilité !!) des idées fausses enseignées par ailleurs par des professeurs d’université (neurologues surtout) qui eux-mêmes sont des relais des recherches dans les laboratoires pharmaceutiques. Doit-on rappeler le lien entre les enveloppes de recherche et les laboratoires mais aussi rappeler que tous les magazines « médicaux » sont gratuits, et ce grâce… aux firmes pharmaceutiques. Le XX ème siècle a été dominé par l’essor de la chimie. Espérons que le XXI ème sera plus sage. Supprimez la prescription médicamenteuse aux médecins, ils se sentiront tous tout nus. Mais il ne faut pas désespérer, les malades eux-mêmes satisfaits sauront rappeler aux médecins où se trouvent leurs intérêts de malade. A l’heure de l’internet, cela peut aller très vite.
5. La plupart des médecins généralistes réagissent assez négativement lorsqu’on leur parle de nouveaux moyens de soigner une migraine qu’ils n’ont pas su soigner eux-mêmes. D’après vous, pourquoi se voilent-ils la face alors que la myothérapie semble avoir fait ses preuves ?
R/ : Par désabusement, par crainte de la concurrence, par paresse et surtout parce que l’université leur a mis PROFONDEMENT DANS LE CRANE, qu’on ne guérit pas de migraines. Les neurologues interrogés sur le sujet de la guérison myothérapique (sur nos antennes belges ! ) assurent sans rien y connaître que « cela devait concerner des céphalées de tension », autrement dit des «PSY». Quelqu’un peut-il concevoir qu’un neurologue reconnaisse, devant ses malades, l’inefficacité de ses médicaments, leurs toxicités nombreuses et sévères, qu’il abandonne le lien avec les firmes pharmaceutiques et se reconvertisse, par amour du sujet scientifique de la migraine, à une technique qui l’obligera à travailler physiquement (manœuvres) avec ses malades pendant des heures éreintantes, tout en disant l’erreur où il était jadis dans ses conceptions et ses traitements! Inconcevable avant longtemps !
S’il fallait des preuves supplémentaires à ces considérations sévères : en 2003 à un congrès médical sur la migraine à Liège, un médecin neurologue à qui je remettais confidentiellement mes résultats, puis un an plus tard à Huy dans des circonstances plus publiques et devant un parterre de 4 neurologues, enfin après une publication dans un hebdomadaire bien connu en Belgique, qui fatalement à abouti dans la consultation de ceux-ci, jamais , au grand jamais, ces médecins n’ont poussé la curiosité à en savoir plus. Par contre, les malades s’en sont trouvés très nombreux à questionner et surtout comprendre l’origine simple la plupart du temps à leurs maux insupportables mais aussi la logique implacable du traitement. Il est vrai qu’eux ne prennent aucun risque, si ce n’est de gagner une solution peu coûteuse, durable surtout et qui les réconciliera avec la médecine cartésienne, car basée sur l’anatomie, et la physiologie musculaire, enseignées par ailleurs dans les bonnes universités qui devraient se soucier de l’application pragmatique, ce qui reste à faire entièrement !
6. Existe-t-il des médicaments d’usage courant pour les migraineux sur lesquels vous voudriez vous exprimer pour en définir leur efficacité ou au contraire leur dangerosité ?
R/ : L’ibuprofen et le paracétamol sont laissés à l’appréciation du malade (« son expérience ») pendant le traitement. Sauf pathologie ulcéreuse pour les AINS, je ne vois pas trop d’inconvénients.
Les triptans, efficaces sur certains malades, dans certaines crises (surtout au début du traitement !) sont à long terme très dangereux pour le cerveau car ils induisent des microthromboses qui mèneront à l’insuffisance cérébrale, c’est-à-dire, la démence future, s’ils n’emportent pas les malades d’infarctus cardiaques avant (lire les petites notices boite s.v.p. si vous avez une bonne loupe !). Les antiépileptiques abrutissent les gens, les font grossir et les plongent dans une symptomatologie hypothyroidienne qui elle-même génère des céphalées : on tourne en rond ! (frilosité, crampes, constipation, fatigue, rhumatismes divers, insomnie du petit matin, prise de poids, hypercholestérolémie, etc…) Les bêtabloquants aussi induisent hypotension qui peut aussi donner des vertiges et des céphalées ! Mais aussi impuissance, frilosité, dépression.
Le plus drôle, c’est que ni les médecins, ni les firmes ne préviennent les malades de leurs dangers mais aussi de leur inefficacité après quelques temps !
La codéine induit une dépendance sévère comme les triptans ! On va vous sevrer en clinique, mais ensuite vous vous retrouverez (seul?) à découvrir des médications efficaces et non toxiques: très bien mais lesquelles? je vous le demande,car sevrage ne veut pas dire éradication de la maladie. Donc retour à la case de départ…
La riboflavine, malgré sa publicité, ne donnerait que de rares résultats dans certaines formes de migraines héréditaires avec paralysie !
Le Topamax (anti-épileptiques aussi) reste très coûteux, en soulage quelques-uns et incomplètement, mais connaît aussi des effets d’amaigrissement très rapides (cancer ? se dit le médecin embarrassé ?) et parfois d’autres aspects (auto et hétéro agressions).
J’ai beaucoup vu (services d’urgences des cliniques désemparés, eux aussi !), prescrire des cocktails avec Cortisone, AINS, antidouleurs IV et aussi bien d’autres produits utilisés pour les névralgies sévères. A court terme, cela marche, mais des malades s’y présentent toutes les semaines. Est-ce là une solution ?
Le myolastan, aussi, se voit prescrire : il y a une logique car le but est musculaire, ce qui explique son petit succès. Mais attention aux chutes chez les personnes âgées et ne parlons pas de la conduite des véhicules (somnolence).
7. L’on pourrait aisément dire que les ostéopathes font le même travail que vous, mais quelles sont réellement les différences qui existe entre leur travail et le travail des myothérapeutes ?
R/ : Nous devons aux ostéopathes deux choses précieuses : la première est l’importance accordée aux événements traumatiques (même très anciens), dans l’explication de la survenue des troubles, même s’il y a un délai, une latence entre les deux ! Ensuite ils savent que les os du crâne ne sont pas soudés et peuvent se modifier dans leurs rapports respectifs, ce qui est fondamental pour expliquer la modification du débit veineux cérébral au trou déchiré postérieur.
Le myothérapeuthe raisonne en termes d’activités musculaires, comme événements primitifs, les ostéopathes raisonnent en termes de fascias, d’articulations perturbées, de mauvais écoulements d’énergie et de perturbations dans l’écoulement du mouvement respiratoire primaire. De toutes les anamnèses étudiées jusqu’ici, il ressort que les ostéopathes sont les plus efficients (versus allopathie, homéopathie, naturopathie, acupuncture, etc…). Je pense que le travail de l’ostéopathe peut parfois croiser la myothérapie, un peu comme Mr Jourdain faisait de la prose sans le savoir ! J’avoue avoir découvert chez eux une ouverture d’esprit , une recherche sincère, une humilité dans l’action, un investissement (physique aussi) que nous les médecins devrions redécouvrir.
8. L’on parle souvent, d’une part, de migraines et d’autre part, de céphalées sans jamais vraiment les distinguer. Quelles sont exactement les différences entre les deux termes ?
R/ : La classification des maux de tête n’a pas beaucoup d’intérêt thérapeutique, il ne faut pas s’amuser à vouloir ranger les papillons dans différentes boites, comme les entomologistes. La classification n’a, pour moi, en gros, d’utilité que d’évaluer la gravité (le stade !) de la maladie. Les traitements sont similaires pour tous. Le migraineux, dans sa vie, passe d’un stade à l’autre. Le terme migraine, jadis, signifiait « hémicrânie ». Aujourd’hui, tant les patients que les médecins y mettent une valeur d’intensité plus que de localisation ! !
Pour moi, c’est trop subjectif. Céphalées me fait penser à douleurs musculaires pures (nuque vers muscles occipito-frontal par exemple). Migraine me fait penser à stade d’engorgement du réseau veineux méningé avec irritations des branches terminales du trijumeau qui innervent les méninges ave ces troubles « centraux » : nausées, vomissements, troubles visuels, paresthésies, phonophobie et photophobie, troubles de la parole, etc…
9. Que prévoyez-vous en cas d’échec de la myothérapie sur un de vos patients ?
R/ : En cas d’échec, si on a pu exclure des causes psychologiques (dépression, hystérie, névroses, sinistrose) et hygiénique (manque de sommeil!), il y a nécessité de vérifier les causes endocriniennes (hypothyroïdie et déficience en DHEA!) et aussi il faut rechercher des « tendinites d’insertion » au niveau céphalique sur la mastoïde où s’accrochent les muscles sterno-cléido-mastoïdiens et petits complexus et sur l’écaille occipitale, d’autre part, sur laquelle s’accroche le muscle trapèze.
Le traitement de la thyroïde se fera après une analyse (peu connue des spécialistes !) des urines de 24 heures (=flux) qui convient mieux pour évaluer la fonction de la thyroïde que la prise de sang classique (vision statique et donc peu dynamique ou fonctionnelle). Si la déficience est confirmée, en toute logique on substitue! A noter que les hypothyroïdiens s’annoncent assez typiquement par une tendance à faire des maux de tête quotidiennement ou du moins très souvent et aussi pendant la périodes des règles, et aussi dès quatre heures du matin (observations personnelles!); aussi il est à noter que le traitement par la seule T4 mène à l’échec!
Pour les tendinites repérées à la palpation des insertions des muscles susnommés, j’applique le laser infrarouge (arséniate de Gallium): en général ces points gâchettes, parfois à eux seuls capables de déclencher des céphalées et migraines s’estompent en maximum trois séances! A noter que les tendinites du trapèze sur l’occiput donnent souvent des douleurs irradiées aux tempes et au pourtour des yeux!
10. La myothérapie peut-elle également se révéler efficace pour les personnes souffrant de fibromyalgie et qui ont des maux de tête?
R/ : Les fibromyalgiques se caractérisent par :
1) Des douleurs diffuses et quasi permanentes
2) Des céphalées nombreuses
3) De la fatigue importante, elle aussi continue et enfin :
4) Une dépression variable mais compréhensible, secondaire le plus souvent aux trois premières caractéristiques sus-citées!
La réponse thérapeutique est similaire à celle du traitement de la migraine et des céphalées. Il faut noter que le travail du myothérapeuthe sera plus long de façon prévisible et plus complet à savoir : conjointement travail des pieds, de la nuque, redressement des facteurs endocriniens toujours présents ici : thyroïde et DHEA! (cfr. accessoires du site). Donc les céphalées auront le même pronostic, à peu de choses près, que les autres céphalalgiques non fibromyalgiques. En sus le traitement va très fort amélioré (voire totalement!) les douleurs musculaires et l’état général (si bien sûr on associe les corrections OBLIGATOIRES des facteurs endocriniens toujours en cause. Toutefois, des dépressifs primaires sévères se confondent avec les fibromyalgiques, (souvent avec la complicité du monde médical lui même), et pour ces derniers le pronostic va dépendre de l’efficacité préalable des soins de la dépression (psychothérapie de soutient en profondeur! et antidépressifs)
11. Pour terminer, quel message voudriez-vous faire passer aux migraineux qui ont eu un parcours difficile et qui perdent espoir ?
R/ : Je ne prônerai, forcément pas la résignation! La guérison existe pour un bon nombre, mais même en myothérapie il faut :
1/ Des patients motivés, des gagneurs !
2/ Des patients qui ont de la suite dans les idées, qui ont encore de la confiance.
3/ De l’honnêteté intellectuelle alliée à un sens modéré de l’ouverture (pas d’ésotérisme, on reste strictement dans un domaine médical !)
4/ S’ils le peuvent, affronter le sujet avec les médecins, neurologues ou non, et leur donner envie de guérir et non de soulager seulement. Qui veut la fin, prend les moyens !
5/ Il y a des échecs, même s’ils sont peu nombreux, ils restent difficiles à vivre pour le thérapeute aussi !
6/ Avec cet outil qu’est pour la médecine la myothérapie, il reste que le médecin doit assurer le diagnostic et se soucier FORTEMENT des conditions non traumatiques qui assurent le bon fonctionnement des muscles (je pense surtout au contexte endocrinien de la thyroïde !). La moitié des migraineux ont un mauvais terrain de ce côté. Ce qui veut dire que le malade doit être préparé à discuter en confiance aussi dans ces domaines symboliquement chargés aussi de nombreux préjugés infondés.
7/ A défaut de médecins, pousser les ostéopathes et les kinés dévoués à se former et s’ils devaient être en nombre, les médecins reverront dans la panique leur copie ! Je peux vous assurer que nombre de médecins soignés, car eux aussi peuvent avoir des problèmes comme les patients, sont dans le mal où ils sont, tout aussi accueillants à la stratégie thérapeutique myothérapique et cela SANS renoncer à leurs connaissances reçues (mais très anciennes ) et sans offusquer le cartésianisme, ce à quoi je m’emploie avec conviction !